Les Quinze et leurs homologues des dix futurs pays de l'Union européenne ont engagé à 15H15 locales (13H15 GMT) une première séance de travail commune, interrompue au bout d'une heure pour laisser place à des réunions en "confessionnal" entre chacun des Etats membres actuels, la présidence grecque et la Commission. L'Italie, l'Irlande, le Luxembourg, le Royaume-Uni, l'Autriche, la Finlande, l'Allemagne, le Portugal et la Grèce devaient se succéder jusqu'en fin de soirée. La France, la Suède, la Belgique, l'Espagne, le Danemark et les Pays-Bas ne devaient être auditionnés que jeudi après-midi. Programmé pour deux jours, le marathon de Luxembourg devrait se poursuivre jusqu'à vendredi, mais les pronostics restent très partagés sur les chances de paravenir à un compromis. Des diplomates évoquaient mercredi la perspective d'une nouvelle réunion extraordinaire, avant ou juste après le sommet européen de Salonique (Grèce) des 20 et 21 juin. La présidence grecque de l'UE a soumis dans l'après-midi aux ministres une première proposition de compromis qui n'adapte qu'à la marge la réforme de la PAC défendue par le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler. Le document mis sur la table introduit avec une extrême prudence l'idée d'un découplage partiel entre les aides directes aux agriculteurs et le niveau de production. En revanche, il ne revient pas à ce stade sur le projet de la Commission d'une dégressivité des aides, dont une partie serait réservée au financement de futures réformes de marché, ni sur les baisses de prix des céréales que Bruxelles souhaite également imposer. L'idée d'instaurer en 2004 un découplage total des aides directes et, à partir de 2007, une dégressivité de ces aides sont les points les plus controversés du projet initial de réforme défendu par M. Fischler. Une dizaine d'Etats membres, emmenés par la France et l'Espagne, rejettent ces solutions. Le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard n'a fait aucune déclaration à son arrivée à Luxembourg. Son homologue espagnol Miguel Arias Canete a pour sa part assuré que Madrid abordait "cette négociation constructive", mais estimé qu'arriver à un compromis n'était pas une question de "temps" mais de "contenu". "Les négociations vont être clairement difficiles. Nous avons beaucoup de problèmes devant nous", a reconnu M. Fischler à son arrivée à Luxembourg. Pour l'essentiel, le premier compromis grec propose d'exclure du découplage toutes les aides directes aux productions des zones ultra-périphériques de l'Union, un point qui intéresse autant Madrid que Paris. Dans le cas français, le système épargnerait ainsi les départements d'outre-mer. Le document sur la table suggère aussi de maintenir un couplage pour les primes à la production ovine et caprine dans les régions montagneuses et défavorisées, ainsi que pour les primes au séchage des céréales. La présidence grecque propose également d'avancer d'un ou deux ans, en 2005 ou 2004, l'entrée en vigueur de la "modulation" des aides directes, c'est-à-dire la réorientation d'une partie de ces aides vers le développement rural. Elle suggère aussi de renoncer à l'augmentation de 1% par an des quotas laitiers en 2007 et 2008, prévue par la Commission, et de n'instaurer un découplage des primes à la production laitière qu'une fois entrée en vigueur la réforme prévue pour ce secteur. |